Discours de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani Président de l’Union des Comores À l’occasion de la 80ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies

Publié le 26 Septembre 2025
Discours  de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani Président de l’Union des Comores À l’occasion de la 80ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies

Face à ce drame, qualifié à juste titre de génocide par nombre d’experts, la communauté internationale se limite trop souvent à des condamnations verbales, sans actions concrètes.

-      Excellence Madame la Présidente de l’Assemblée Générale,

-      Majestés, Altesses,

-      Excellences, Chefs de délégation,

-      Honorables invités,

-      Mesdames et Messieurs,

السلام عليكم ورحمة الله وبركاته

Permettez-moi tout d’abord, d’adresser aux Autorités américaines, au nom de la délégation comorienne, nos sincères remerciements pour l’accueil chaleureux et les excellentes dispositions prises à l’occasion de cette 80ème Session de notre Assemblée.

Je voudrais ensuite féliciter Son Excellence Madame Annalena Baerbock pour son élection à la présidence de cette Session, et rendre hommage à Son Excellence Monsieur Philémon Yang pour la sagesse et la rigueur avec lesquelles il a conduit les travaux précédents.

Je salue enfin le leadership de Son Excellence Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, dont l’engagement en faveur de la paix et du développement incarne fidèlement les idéaux de notre Charte, alors que l’ordre international traverse de profondes turbulences.

Madame la Présidente,

Le thème de cette 80ème Session, « Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains », prend toute sa pertinence et son urgence, dans le contexte mondial actuel.

Il y a dix ans ici même, nous avions fixé l’ambition d’un monde meilleur à l’horizon 2030. Les Objectifs de développement durable devaient éradiquer la pauvreté, protéger la planète et offrir à tous la prospérité et la paix.

Or, à cinq ans de cette échéance, force est de constater que le monde n’est ni plus juste, ni plus apaisé, ni plus équitable. 

Au contraire, les inégalités s’accentuent, les conflits se multiplient et l’Humanité s’éloigne de la vision qui nous animait.

La tragédie palestinienne en est le témoignage le plus accablant.

Depuis plus de 70 ans et aujourd’hui encore plus qu’hier, le peuple palestinien endure la spoliation de sa terre ancestrale, l’exil, la torture et l’humiliation. 

Son histoire récente n’est qu’une succession de pages écrites dans le sang, l’indifférence et le mépris.

Face à ce drame, qualifié à juste titre de génocide par nombre d’experts, la communauté internationale se limite trop souvent à des condamnations verbales, sans actions concrètes.

Nous avons condamné à juste titre, les actes terroristes du 7 octobre mais la riposte disproportionnée qui se déroule à Gaza depuis, relève bien d’un génocide dont les victimes sont à 80% des enfants, des personnes âgées et des malades tués par des bombardements qui n’épargnent ni les hôpitaux ni les centre de distributions d’aides, ni les personnels de l’ONU, ni les journalistes. 

 

 

Les crimes perpétrés contre la Palestine révèlent une contradiction insoutenable : 

En effet, comment, un gouvernement, issu d’un peuple qui été victime de l’holocauste, peut-il commettre un génocide, au vu et sus du monde entier et imposer aujourd’hui à d’autres les traumatismes semblables, de la guerre, de l’exil et de l’oppression. 

Comment Israël peut-il de surcroît, s’en prendre à tous et être en conflit meurtrier avec tous ses voisins ? 

Comme le rappelle un vieil adage, on ne choisit pas son voisin.

Nous ne pouvons pas ne pas relever pour le saluer le courage et       l’humanisme des israéliens qui élèvent leurs voix contre la barbarie.

Et comme l’Histoire nous le rappelle, devant la tragédie de l’holocauste, les pays arabes, africains et les Musulmans n’ont jamais été du côté des génocidaires.

Au contraire, nos aïeux ont été du côté des alliés pour défendre le peuple juif, au péril de leur vie. 

Madame la Présidente,

L’Union des Comores, fidèle à ses principes et au respect du droit international, réaffirme son soutien indéfectible à la solution à deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État de    Palestine, seule solution pour la paix et la sécurité, pour Israël et toute la région du Proche et Moyen Orient car un Etat a des devoirs et des obligations contrairement à un groupe.

Nous saluons la décision historique de la France et nous rendons hommage au Président MACRON et aux dirigeants des nombreux autres pays, qui ont reconnu lundi 23 septembre dernier « l’État de Palestine », depuis cette tribune de l’ONU. 

Nous nous réjouissons de cette heureuse initiative, qui intervient à la suite de la Déclaration de New York adoptée ce même mois de septembre par cette auguste Assemblée Générale et dans le droit fil de celle de la conférence internationale organisée en août       dernier par la France et l’Arabie Saoudite, sous l’égide des Nations Unies.  

Nous appelons cette Assemblée à inscrire de façon irréversible l’avenir de l’État palestinien au cœur de notre agenda commun.

Il est de notre responsabilité morale d’agir, car chaque jour qui passe sans action, entraine la mort de milliers d’innocents, femmes et enfants.

Personne ne pourra plus dire, je ne savais pas.  L’Histoire est un juge implacable qui ne pardonnera ni le silence, ni l’inaction. 

Madame la Présidente,

La paix et le développement ne sauraient se construire sans justice et sans inclusion.

C’est pourquoi, 65 ans après les indépendances, l’Afrique, continent de près de deux milliards d’habitants, doit obtenir sa place légitime au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.

La vision de l’Union Africaine— une Afrique unie, prospère, pacifique et actrice de son destin —rejoint pleinement l’esprit de cette Session. 

Cet engagement est la clé de la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine, pilier d’une Afrique forte dans le concert des Nations.

Madame la Présidente,

Dans la même dynamique, je tiens à rappeler la résolution de 1971 déclarant l’océan Indien « zone de paix, exempte d’armes nucléaires et de bases militaires ».

Or, aujourd’hui encore, des ambitions contraires menacent cette stabilité. 

Je dénonce ainsi, avec fermeté tout projet d’installer une base navale militaire à Mayotte, île comorienne qui reste, malheureusement, toujours sous administration française.

L’Union des Comores, qui vient de célébrer le cinquantenaire de son indépendance et de son admission aux Nations Unies, reste attachée au recouvrement intégral de son territoire national— Anjouan, Grande-Comore, Mohéli et Mayotte.

Je tiens à renouveler la gratitude du peuple et du Gouvernement comoriens à toutes celles et tous ceux qui nous ont, à l’occasion de ce Cinquantenaire, adressé leurs félicitations et leurs vœux. 

Dans ce contexte et du haut de cette tribune, je ne peux passer sous silence la question de Mayotte, île comorienne toujours sous occupation française malgré les résolutions claires et répétées de cette Organisation.

Le dialogue engagé avec la France sur ce que feu le Président Mitterrand a qualifié de contentieux désagréable doit aboutir  car ce différend qui n’a que trop duré, coûte chaque année la vie à des milliers de nos compatriotes dans le bras de mer séparant Mayotte et les autres iles sœurs. 

Cette semaine encore, des faits d’une extrême gravité ont été révélés par une enquête du Journal français Le Monde qui fait état de manœuvres délibérées de la Police opérant à Mayotte, qui conduisent régulièrement au naufrage d’embarcations et qui provoquent la mort de plusieurs ressortissants comoriens. 

Ainsi, l'Union des Comores appelle l’État français, puissance occupante à faire arrêter ces opérations, à diligenter les enquêtes appropriées et à sanctionner les auteurs de cette barbarie, pour que justice soit faite et pour que la dignité des vies humaines soit respectée.

Pour sa part, l’Union des Comores poursuivra sans relâche, son action diplomatique et juridique afin que justice soit rendue et pour qu’une solution juste soit trouvée à la question de l’Ile comorienne de Mayotte, qui constitue l’une des dernières  blessures de la décolonisation en Afrique. 

Nous nous désolons ainsi, que certains pays frères, qui ont toujours défendu le droit international et la cause comorienne, tergiversent aujourd’hui et prennent des initiatives malheureuses avec la France, pour établir des relations avec Mayotte, au mépris de notre souveraineté nationale. 

Nous appelons l’Union Africaine à agir, pour rappeler le devoir et la nécessité du respect du droit international et de l’unité de notre archipel.

Madame la Présidente, 

Comme beaucoup de Petits États Insulaires en Développement (PEID), les Comores sont en première ligne face au changement climatique et reste un pays vulnérable mais déterminé

La montée des eaux, l’érosion côtière et la fréquence accrue des cyclones menacent nos villages, nos écosystèmes et nos vies.

Nous appelons à un accès équitable et simplifié aux financements climatiques et à une solidarité accrue, pour que nos populations puissent non seulement survivre, mais prospérer.

Ces dernières années, l’Union des Comores a engagé le Plan Comores Émergent (PCE), qui vise à transformer notre économie, renforcer nos infrastructures, moderniser notre éducation et améliorer la santé de nos populations.

Nous invitons nos partenaires bi et multilatéraux ainsi que le secteur privé à se joindre à ce projet de développement porteur d’avenir fondé sur trois piliers la croissance inclusive, la transition énergétique et numérique l’économie bleue, qui constitue une des richesses de l’Océan Indien

La sécurité dans cette région dépend de la stabilité de chacun de ses États et nous condamnons ainsi, toutes les formes de terrorisme et de criminalité transnationale.

Nous plaidons pour un multilatéralisme fort, juste et       solidaire, fondé sur la Charte des Nations Unies et le respect de l’égalité souveraine des États.

Nous devons réaffirmer notre engagement en faveur d’un ordre mondial plus équitable, où les petits Etats ont voix au chapitre et participent pleinement à la gouvernance mondiale.

Pour enrayer les dérives du protectionnisme et du repli sur soi, nous sommes partisans des réformes de l’architecture financière internationale.  

Après la pandémie de COVID-19, la crise climatique et l’endettement croissant des pays en développement, il est impératif d'adapter le système financier mondial aux réalités économiques, géopolitiques et sociales.

Cinquante ans après la proclamation de son indépendance, la Nation comorienne est encore jeune, mais forte de son expérience et de ses rêves.

Le peuple comorien, fier de son histoire et confiant en son avenir, reste attaché à cette Assemblée, qui incarne nos aspirations communes à la paix, à la justice et au développement qui doivent sans cesse être consolidées. 

J’appelle donc solennellement la communauté internationale et nos partenaires au développement à accompagner nos efforts, comme gage d’un monde véritablement au service de la paix, du développement et des droits humains.

Je vous remercie de votre aimable attention